Le réalisateur de « L’Attentat » a filmé en Israel : il risque la prison!
Le réalisateur américano-libanais Ziad Doueiri a déclaré vendredi qu’il était susceptible d’être emprisonné à cause de son film tourné en Israel « L’Attentat », alors que le Liban interdit l’entrée de ses citoyens dans l’Etat hébreu.
Le film, adapté d’un roman de l’écrivain algérien Yasmina Khadra, dépeint le conflit israélo-palestinien à travers les yeux d’un médecin palestinien de nationalité israélienne qui découvre que sa femme a mené un attentat-suicide à Tel-Aviv.
Doueiri a déclaré que le projet avait fait face à des défis artistiques, financiers, juridiques et politiques , mais aussi aux objections de ses principaux bailleurs de fonds en provenance du Qatar et de l’Egypte après que le film soit terminé. L’équipe qatarie avait même demandé à ce que son nom soit retiré du générique du film et, lorsqu’on lui a demandé pourquoi , a répondu: « Parce que vous montrez le point de vue juif ».
Son producteur égyptien a fait de même plus tard, affirme le réalisateur.
Un film primé mais interdit dans les pays arabes
Le Liban et la Ligue arabe de 22 membres avait alors interdit le film « simplement parce que j’ai embauché et travaillé avec les Juifs d’Israel », a déclaré Doueiri, qui a grandi à Beyrouth, en insistant sur le fait que le film devait être tourné là où l’histoire se passait.
« Le film a été vendu partout sauf dans le monde arabe, ce qui, malheureusement, m’a beaucoup ennuyé », affirme le cinéaste , qui a travaillé comme cameraman pour Quentin Tarantino sur des films tels que « Reservoir Dogs » et « Pulp Fiction ».
Le film a été bien reçu à un certain nombre de festivals, y compris au Maroc et à Dubaï. Il a été primé trois fois en avril au Festival du film français COLCOA à Hollywood.
Trois à cinq ans de prison et des travaux forcés
Doueiri, qui possède à la fois la citoyenneté américaine et libanaise, raconte que sa mère, avocate, l’avait prévenue qu’il encourrait une peine d’emprisonnement de 3 à 5 ans et de travaux forcés pour avoir été en Israel.
« J’étais prêt à prendre ce risque. Je m’en fichais », se souvient-il. « Je pensais que j’avais une bonne histoire … Je ne vais pas arrêter parce que certains gouvernement me disent: vous n’êtes pas autorisé à filmer ».
Né en 1963 et ayant grandi pendant la guerre civile au Liban ( qui impliquait notamment Israel) Doueiri a reconnu que ce n’était pas facile pour lui d’aller en Israël et de travailler « avec les gens que j’ai diabolisé toute ma vie ».
Mais il raconte que pour se concentrer sur le film, il a dû mettre de côté tous les préjugés. « Et puis vous commencez à réaliser que ces gens que vous considériez comme des ennemis, et qui travaillent aussi dans le milieu artistique, pensent comme nous », dit-il.
Par Amandine Allouche
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Tags: cinéma Israel l'attaque liban ziad doueiri
6 h 40 min
Yasmina Khadra est un pseudonyme … Il s'agit en fait d'un haut gradé de l'armée algérienne qui a écrit (et écrit encore) de magnifiques romans, souvent liés a l'actualité ilslamique….